Communiqué - 24 septembre 2020
La France fête cette semaine le cinquième anniversaire des Objectifs de développement durable (ODD) instaurés par les Nations Unies. Alors que le gouvernement intensifie depuis plusieurs mois ses efforts à Bruxelles pour que le nucléaire soit reconnu comme une « énergie durable », il est légitime de se poser la question de la soutenabilité de cette source d’énergie, et plus largement de l’ensemble des options possibles.
Sur ces sujets, en dépassant certaines interprétations hâtives, l’analyse détaillée du Rapport spécial sur les conséquences d’un réchauffement planétaire de 1,5 °C publié par le GIEC en 2018 apporte de nouveaux enseignements. Tout d’abord, la réduction des consommations d’énergie et les renouvelables électriques sont les leviers de réduction des émissions de gaz à effet de serre les plus soutenables. De plus, il est tout à fait possible de se passer d’énergie nucléaire tout en restant en-dessous de l’objectif +1,5 °C, contrairement aux renouvelables en général et à la biomasse en particulier, dont la mobilisation doit toutefois impérativement se faire de manière durable.
Le rapport spécial 1,5 °C publié fin 2018 par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) propose une analyse de 23 leviers de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) au regard des ODD (qui visent à la bonne santé et au bien-être, à éliminer la pauvreté et la faim, à réduire les inégalités, à protéger l’environnement, etc.). Les conclusions que l’on peut en retirer sont très claires. Les actions visant à réduire le niveau de consommation, à développer les énergies renouvelables électriques en remplacement d’énergies fossiles et à améliorer la gestion du bétail et du fumier sont les plus soutenables.
Le développement des énergies renouvelables issues de la biomasse et la séquestration de carbone dans les sols se situent en milieu de classement. En fonction de leur mise en œuvre (nature des sols concernés, techniques agricoles, etc.) leur score peut être très bon ou au contraire passablement mauvais. Une attention particulière doit donc être portée aux pratiques agricoles pour qu’elles puissent être qualifiées de soutenables.
En bas de classement figurent les options technologiques de capture et séquestration du carbone, la géo-ingénierie des océans, et enfin le remplacement du charbon par du nucléaire. À la lumière de ces résultats, ces leviers doivent donc être actionnés uniquement en dernier recours. Les conclusions qui suivent montrent que le nucléaire peut être écarté des trajectoires de décarbonation.
Les quatre trajectoires P1 à P4 proposées dans le résumé pour décideurs du rapport spécial 1,5 °C du GIEC comportent toutes une hausse de la production nucléaire d’ici 2050. Une analyse plus fine du rapport complet montre cependant que ces quatre trajectoires sont issues de 90 scénarios respectant l’objectif 1,5 °C, et que parmi eux plusieurs envisagent une réduction de la puissance nucléaire installée au niveau mondial. Le recours au nucléaire n’a donc rien de systématique. De leur côté, les énergies renouvelables forment le socle de la grande majorité des scénarios ; elles sont (très) largement prépondérantes dès lors qu’une action ambitieuse de réduction des consommations est intégrée. C’est principalement lorsque la demande d’énergie croît que le recours au nucléaire et/ou à la capture-séquestration du carbone devient nécessaire.
Les quatre trajectoires principales proposées par le GIEC présentent des niveaux de réduction de consommation et de recours aux différentes sources d’énergie assez hétérogènes ; d’autres combinaisons auraient pu également être envisagées. Sans les mobiliser au maximum, les potentiels de réduction de la consommation et de développement des énergies renouvelables permettent d’imaginer une combinaison 100 % renouvelable en 2050, sans recourir ni au nucléaire ni à la capture et séquestration de carbone.
Une analyse approfondie des travaux du GIEC montre clairement que la priorité de l’action publique en faveur de la neutralité carbone doit aller vers des actions de sobriété et d’efficacité et vers l’accélération du développement des énergies renouvelables.
Alors que la France se classe en bas du tableau européen pour le respect de ses propres engagements dans ces deux domaines, le Gouvernement fait de mauvais choix en essayant à Bruxelles de faire entrer le nucléaire dans le champ de la taxonomie verte et en bridant le développement d’énergies renouvelables comme le biométhane. L’heure doit être à la mobilisation générale pour rattraper le retard et s’orienter vers la maîtrise des consommations et le développement des renouvelables qui représentent un enjeu d’emploi et de développement local important pour tous les territoires.
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