Depuis sa création, l’Association négaWatt concentre son activité d’expertise à l’échelon national, notamment à travers la réalisation du scénario négaWatt. C’est à ce niveau que son action est la plus efficace, au regard de ses moyens et des autres acteurs déjà présents.
Mais les « territoires » ne sont pour autant pas oubliés ; ils ont eux aussi un rôle crucial à jouer dans la transition énergétique. Conscients de ces enjeux, l’Association négaWatt et l’Institut négaWatt ont depuis plusieurs années mené des travaux à l’échelon régional.
Sur commande des régions, l’Institut négaWatt a réalisé avec plusieurs partenaires trois scénarios régionaux, Provence-Alpes-Côtes d’Azur en 2012, Centre-Val de Loire en 2017 et Bourgogne-Franche-Comté en 2019.
Ces scénarios reproduisent l’approche développée par l’association autour de son scénario national, en l’adaptant aux spécificités du territoire.
Lors de l’élaboration de son scénario négaWatt 2017-2050, l’association a étudié la possibilité d’intégrer une approche régionale visant à mieux appréhender les gisements de réduction de consommation et de production d’énergie renouvelable à cet échelon, et ainsi de pouvoir décliner le scénario national sur les territoires régionaux.
Cet exercice a mis en lumière la difficulté d’accès aux données au niveau régional, et le manque d’homogénéité de ces données entre régions. De ce fait, le travail n’a pu totalement aboutir, mais il a permis de mieux préciser certains secteurs au niveau régional (industrie, mobilité et transport notamment).
Instaurés par la loi NOTRe de 2016, les schémas régionaux d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires (SRADDET) doivent être élaborés par chaque région. Ils remplacent les anciens schémas régionaux climat-air-énergie (SRCAE), en les fusionnant avec d’autres exercices régionaux (schémas des infrastructures et des transport, schéma régional de cohérence écologique, etc.).
Lors de la réalisation des précédents SRCAE, l’absence de définition d’un cadre interrégional harmonisé a conduit à une impossibilité méthodologique de les comparer, ou de les agréger au niveau national pour vérifier leur cohérence vis-à-vis des engagements nationaux de la France et leur articulation par rapport aux actions nationales.
En réponse à cette problématique, l’Association négaWatt a travaillé de 2019 à 2022 à l’analyse et à la définition d’un cadre commun pour les SRADDET grâce à trois étapes de travail présentées ci-dessous.
L’Association négaWatt a tout d’abord élaboré - avec le soutien de quatre régions - une proposition de cadre harmonisé pour les principaux indicateurs et périmètres du volet énergie. Ce cadre s’appuie sur une modélisation simplifiée des principaux vecteurs énergétiques, et permet de mettre ainsi en cohérence les ressources primaires et les consommations énergétiques finales. Le respect de ce cadre interrégional a pour objectif :
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Une seconde phase, terminée fin 2020, visait à analyser les volets énergie des SRADDET publiés avant l’été 2020. Cette deuxième étape a permis de mettre en évidence les écarts méthodologiques entre les différents exercices. L’agrégation des SRADDET a par ailleurs montré une certaine cohérence entre ces exercices et les objectifs énergie fixés au niveau national à court terme. À plus long terme (horizon 2050), le constat n’est plus le même : les SRADDET manquent d’ambition, ensemble ils n’atteignent ni l’objectif de neutralité carbone ni celui visant la division par deux de la consommation d’énergie finale.
La question de la solidarité entre les régions est également un point fondamental à traiter : les différentes régions ne sont pas toujours en mesure de contribuer aux besoins d’importation de leurs voisines, et capables en retour d’absorber les éventuels excédents de productions. L’approche menée jusqu’à présent par les régions ne permettait pas de vérifier ces éléments. Cette deuxième phase conclut ainsi à la nécessité d’un dialogue inter-régional, pour que les différents SRADDET soient compatibles entre eux.
Avec le soutien de la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC) et de l’Institut Caisse des Dépôts pour la Recherche, une troisième étape a démarré début 2021 dans la continuité des précédents travaux. L’objectif était d’étendre l’analyse au volet émissions de gaz à effet de serre (y compris puits de carbone) et d’affiner l’analyse sur le volet énergie, afin de tenir compte de mises à jour des documents régionaux, et de la publication de scénarios de prospective nationaux (RTE, Ademe, négaWatt). Certains éléments de ce rapport et de nos travaux précédents ont alimenté le récent rapport du Gouvernement remis au Parlement sur la Contribution des PCAET et SRADDET aux politiques de transition écologique et énergétique.
Le rapport de cette dernière étape a été publié au cours de l’année 2022.