Plus de sobriété pour moins d’extraction minière ⛏
En 2024, l’Association négaWatt lance officiellement le projet Minimal, centré sur l’enjeu des ressources minières. Ce projet vise à fixer des objectifs de consommation pour l’Europe et à élaborer des recommandations politiques afin de réduire progressivement l’extraction de métaux. L’analyse se focalise sur huit métaux particulièrement impactants pour l’environnement ou représentant un enjeu crucial pour la transition énergétique dans les décennies à venir.
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— Le constat La consommation de métaux ne cesse de croître : elle a été multipliée par 21 au cours du 20e siècle [1] et si nous poursuivons sur cette trajectoire, nous consommerons autant dans les 30 prochaines années que depuis le début de l’humanité ! [2] Ces consommations de métaux ont des impacts significatifs sur les milieux naturels et sur les humains, au niveau global comme local. À titre d’exemple, la seule filière du fer et de l’acier est responsable à elle seule d’environ 7 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. En parallèle, l’extraction minière contribue fortement à dégrader les écosystèmes (sécheresse, déforestation, perte de biodiversité, destruction des habitats naturels…). Or la moitié de l’extraction mondiale de minerais métalliques a lieu à 20 km ou moins de territoires protégés, et 8 % dans des zones protégées.
Cela n’est clairement pas soutenable, et les conséquences d’une progression constante de l’extraction minière seraient catastrophiques et irréversibles pour la planète et pour l’ensemble de ses habitant·es. (voir ici ↗) Aujourd’hui, la communauté scientifique partage l’idée qu’il faut réduire la consommation et la production de matières premières. C’est face à ces constats que négaWatt travaille depuis une dizaine d’années déjà sur le sujet des matériaux, jusqu’à élaborer le scénario négaMat, couplé au scénario négaWatt, qui évalue l’évolution possible de nos consommations de matériaux et matières premières dans l’ensemble des secteurs. A ce jour, il n’existe cependant pas d’objectifs spécifiques de réduction par métal ni en France ni à l’échelle européenne ; dans ces conditions il est difficile de définir des leviers d’action concrets. Il nous faut aller plus loin dans l’analyse et la formulation de recommandations politiques.
— Le projet Au vu des impacts de l’extraction minière, peut-on s’en passer à court, moyen ou long terme ? Quels sont nos besoins en métaux ? De quelle quantité de lithium ou de cuivre va-t-on avoir besoin pour permettre l’électrification indispensable pour sortir des fossiles ? La transition énergétique va-t-elle devenir demain le moteur de l’extraction minière ? Peut-on concilier transition énergétique et réduction de la consommation de métaux ? Et enfin, comment permettre un minimum d’équité au niveau mondial dans l’accès aux ressources minières ? Le projet Minimal a pour ambition de répondre à ces différentes questions. Dans ce cadre, l’Association négaWatt a sélectionné huit métaux particulièrement impactants pour l’environnement ou représentant un enjeu crucial pour la transition énergétique dans les décennies à venir. Nous les avons rassemblés en trois catégories :
— Trois axes de travail
1 - Des objectifs de consommation soutenables
Pour chaque métal, nous fixerons des limites maximales et minimales de consommation à l’horizon 2050 sur la base de plusieurs paramètres. La borne minimale devra permettre de mener à bien la transition énergétique, et garantir l’approvisionnement en métaux correspondant à un niveau de vie décent pour toutes et tous. La borne maximale déterminera un plafond de production, tenant compte des enjeux environnementaux liés à l’extraction des minerais. Cette méthodologie permettra de proposer un “budget matière”, sur le même principe que le “budget carbone”et donc de fixer le cap de la réduction de notre consommation et de notre production de métaux.
Cette étape de travail est actuellement en cours pour le lithium, les premiers livrables devraient être disponibles au second semestre 2024.
2 - Des recommandations politiques concrètes pour l’Europe
Nous identifierons ensuite un ensemble de mesures à mettre en œuvre en Europe afin de réduire progressivement l’extraction de minerais. Parce que la sobriété a toujours été au cœur de la démarche de négaWatt, elle fera partie intégrante des mesures sur lesquelles nous travaillerons, avec par exemple la baisse de la consommation de certains secteurs, le recyclage, la substitution de certains métaux par d’autres, etc. Le principe de sobriété sera appliqué de la consommation à la mine, en passant par les acteurs économiques.
3 - Un plaidoyer en soutien de nos propositions
Une fois ces objectifs fixés et ces mesures identifiées, nous les partagerons et les défendrons auprès de décideurs politiques, économiques et industriels en capacité d’infléchir significativement les tendances actuelles. Nous nous adresserons également aux acteurs de l’écosystème énergie-climat-ressources afin de diffuser nos travaux et d’alimenter les initiatives de la société civile en faveur d’une société plus soutenable.
A l’issue de ce projet, nous obtiendrons une vision globale des principaux métaux que nous utilisons dans nos quotidiens et des mesures qu’il serait possible de prendre à court et moyen terme afin de réduire leur consommation et construire une société plus soutenable.
Ce projet est entièrement porté par l’Association négaWatt, qui apporte depuis 20 ans sa contribution à la mise en œuvre d’une transition énergétique en France, en proposant un scénario prospectif à l’horizon 2050 fondé avant toute chose sur la sobriété dans nos consommations.
Depuis sa création, l’Association négaWatt défend une approche globale des questions énergétiques et climatiques en travaillant autant sur l’offre que sur la demande en énergie. La bonne nouvelle pour la planète, c’est que cette démarche contribue également à répondre à d’autres enjeux écologiques. En effet, s’il nous faut nous défaire de notre dépendance aux énergies fossiles et réduire nos émissions de gaz à effet de serre, nous devons aussi nous préoccuper d’autres défis d’envergure tels que la réduction de toutes les formes de pollution et de détérioration de notre cadre de vie, le ralentissement de la destruction des habitats naturels, de l’artificialisation des sols et de l’effondrement de la biodiversité, la protection de la qualité de l’air et de l’eau, la lutte contre les sécheresses, etc. Dans cette perspective, négaWatt s’intéresse depuis une dizaine d’années à l’empreinte matière de la transition énergétique. Le scénario négaWatt 2022 intègre une baisse de la consommation des matériaux en France, compatible avec un accès équitable des autres pays à ces ressources (négaMat). Aujourd’hui, nous allons encore plus loin en étendant le périmètre de travail à l’échelle européenne et en fixant des budgets matière pour chacun des huit métaux sélectionnés.
L’Association négaWatt rassemble dans ses membres actifs des ingénieurs spécialisés sur des domaines complémentaires (bâtiment, mobilité, production d’énergie, études et mesures, etc.). Ils sont entourés de nombreux autres professionnels issus de secteurs variés (architecture et urbanisme, sciences économiques et sociales, stratégies territoriales, etc.). Tous apportent leur expérience et leurs retours de terrain au service du projet collectif de notre association. Ces bénévoles sont appuyés et relayés par une équipe salariée de vingt personnes aux compétences multiples intégrant de l’ingénierie et de la recherche, du plaidoyer politique, de la communication et des fonctions administratives, humaines et financières indispensables pour le bon fonctionnement de toute organisation.
Afin de faciliter la visualisation de l’évolution de cette campagne, nous proposons un découpage en trois paliers, correspondant aux trois axes du travail que nous souhaitons réaliser pour chacun des métaux étudiés.
Les contreparties proposées dans le cadre de cette campagne s’inscrivent dans la continuité de la démarche négaWatt, fondée sur la sobriété. Nous n’avons pas souhaité, par principe, offrir d’objets publicitaires ou autres « goodies » peu en phase avec nos valeurs. En revanche, nous vous proposons plusieurs ressources en lien avec le projet Minimal. Elles vous seront remises courant 2024.
Retrouvez le détail des contreparties ci-contre.
En tant qu’association déclarée d’intérêt général, à but non lucratif, les dons apportés à l’Association négaWatt ouvrent droit à une réduction d’impôt : 66 % du montant versé pour les personnes soumises à l’impôt sur le revenu, 60 % pour les entreprises (déductible de l’impôt sur les sociétés). Un reçu fiscal sera délivré à l’issue de la campagne.
Le projet Minimal va durer plusieurs années et mobiliser différentes personnes au sein de l’équipe salariée : coordination d’ensemble du projet, recherche de financement, travail technique, consultation d’experts externes, formulation de mesures et de recommandations, rédaction de livrables et communication autour des résultats, etc. Le budget prévisionnel pour les trois prochaines années, incluant les frais de fonctionnement associés, est estimé à 473 000 €.
À l’image du financement de notre association, nous souhaitons que ce projet ne dépende pas d’une seule source mais de contributions diversifiées. ECF (European climate foundation) et l’ADEME soutiennent déjà le projet, et des échanges sont en cours avec d’autres financeurs. Dans le cadre de cette campagne de financement participatif, nous recherchons la somme de 75 000 €. Il s’agit de la “part citoyenne” du financement du projet qui sera répartie sur les années 2024, 2025 et 2026.
Tous les bilans financiers (ainsi que les rapports d’activité) de notre association sont disponibles sur notre site internet.